Ma grand-mère, Septuagénaire. Ses rides commençaient à lézarder ses pommettes encore plantureuses, son sourire édenté qui produisait en moi une certaine euphorie, mais surtout la barre chocolatée qu’elle me tendait à chaque visite. Moi, tout jeune, les traits de visage dénotant de fraicheur, je l’embrassai goulument, je me permets effrontément de longues étreintes pour la remercier. A 20 ans, durant les quelques fois où je me souvenais d’elle, mon cerveau me projette automatiquement ce genre d’image. Machinalement, il a omis de se souvenir de sa longue descente aux enfers.
En effet, l’éléphant échappa de sa mémoire. L’Alzheimer l’attrapa. La remodela. La diabolisa. Empourpra son être. Comme un faible petit voilier perdu dans l’océan, et largué par d’impitoyables vagues venimeuses. C’était le venin ! Elle devint même le venin incarné. Pour un enfant de 10 ans, il était inconcevable qu’on puisse diaboliser un être, puisque l’humain n’est pas le diable.
La maladie l’avait effritée, ses traits perdirent de leur générosité et devinrent osseux. Son regard perdu et profond devenait insignifiant. Ses attitudes oscillaient de la bizarrerie jusqu’à la fatalité. Malgré que nous commencions à l’avoir dans le collimateur, elle déclencha une série de va-et-vient dans la pénombre de la nuit. Elle venait, se précipitait à ma porte. Elle y tambourinait si fort, criarde et presque même vindicative. Elle réussit tant bien que mal à l’ouvrir. La silhouette flanchée, les jambes et les mains flageolantes, elle avança en titubant vers mon lit qui exhalait encore le sommeil paradoxal. Et là, elle s’assit, et commença à sermonner « Aimez-moi ! Choyez-moi ! J’ai besoin de vous, de votre amour ! ». Cette nuit là, j’ai su que le venin a asséché tout amour, toute tendresse dans laquelle elle baignait depuis qu’elle avait vu le jour. J’ai su par logique, qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Elle trépassa quant j’eus l’âge de 12 ans.
Vous vous demandez obstinément pourquoi j’ai attendu huit longues années avant de rédiger cet insignifiant récit, allez demandez plutôt combien il est dur de digérer cette disparition. Auquel cas, vous pourrez demander ensuite combien il est difficile de perdre le seul grand parent que vous avez pu connaitre.
Je t’aime.
Une Pensée à mes frères et cousins en l'écrivant.
J'approuve. Vraiment très difficile! Mais tu peux déjà te considérer chanceux, ayant au moins l'occasion de la connaître, et de garder quelques petits souvenirs avec... Que son âme repose en paix.
RépondreSupprimerça commence fort, les mots sont choisis
RépondreSupprimerhommage et vagabondage, bon vent
Maintenant Achraf, tu fais preuve de noblesse .. Tu demandes tes propres droit d'auteurs. Ton nom est mentionné .. GOOD JOOB BENJI !
RépondreSupprimerMerci tout le monde.
RépondreSupprimerun très bon style,mon bro, on aura un Deuxième benjelloun au domaine littéraire au Maroc, bonne continuation cher voisin
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