Terre d'Eden nous hèle,
Terre d'ailleurs nous appelle,
On dirait l'allégorie d’un espoir
inviolable,
Qui fertilise nos envies les plus
inébranlables,
Depuis la crête
de Tanger-La Trahison,
De la promesse
d’un avenir rose nous rêvassons,
Couchés sur l’herbe
humide du mois de Décembre,
Le froid glacial
nous estropiait presque les membres,
Dans une
chaloupe, nous nous y enfourchâmes,
Empestant la
misère et la souillure des âmes,
Le moteur
vrombissait, sonnant le tocsin de l’agonie,
Sous la pesée
d’un ciel morne regorgeant de calomnies
La lune
semblait dire non à un vice fétide,
Comme un oracle
aurait dit non à un dessein si perfide,
Terre-Mère dis
à ma mère que la mer au clair,
De la lune, les
vagues enveniment et sont funéraires,
Je ne fis plus
corps avec la foule et me laissa choir à une mer,
Qui quémandait
de quoi se nourrir et quoi faire,
J’offris mon
corps à la mer, comme une offrande pour un pêché,
Offense aux
résistants de l’indépendance qui avaient juché,
Terre-mère sur
les principes de la vertu,
Terre-mère
quand elle le sut, se tut,
Progéniture
fraiche avortée,
Dans une mer
qui se nourrissait de calamités,
Plus tard, j’allais
à la rencontre des âmes perdues comme la mienne dont la mer se vantait,
Ames placides
et mièvres qui me hantaient,
Dans une mer
profonde et sans retour, nous formâmes,
Un essaim
d’âmes bourdonnantes et allâmes,
En
s’agenouillant au chevet de nos corps,
Pleurer toutes
les chaudes larmes par tous les pores,
Plus tard, dans
un univers parallèle,
J’ai su que la
foule qui eut courage et zèle,
Et qui arriva à
terre d’Eden sans ailes,
A été broyée
par l’ogre dont l’estomac ne cessait guère,
De laisser
choir l’excrément d’une ère,
Plus tard,
nous, essaim d’âmes, voulûmes affronter l’ogre,
L’ogre
gargantuesque qui broie et se goinfre,
Et qui n’est
pas sans savoir de nos blessures,
Nous renvoya à
une situation de non-retour,
Nous errions
aveuglément jusqu’à rencontrer les âmes,
Des stoïques de
l’indépendance de Terre-Mère dont nous craignions la genèse d’un blâme,
Scrutant notre
essaim, ils ne voulurent guère,
Faire corps
avec nous, et comme dans une guerre,
Volcaniques,
ils fustigèrent, fulminèrent, et pestèrent,
Nous nous sentions
isolés du monde, un monde obscur et caché
Vivons heureux
vivons cachés,
Adieu Terre d’Eden
Adieu Terre-Mère
Adieu Mère
Par :
Achraf Benjelloun