jeudi 5 janvier 2012

Le grand poète Abdellatif Laâbi commente mon Poème.

Un commentaire de Abdellatif Laâbi grand écrivain et poète (Prix Goncourt 2009 de poésie) à propos de mon poème sur l'immigration clandestine au maroc "Rêve Chimérique" (cela fait plaisir) ! "Les propos sont fidèlement rapportés".

"Cher Achraf,
Je suis heureux de savoir que vous avez en vous ce besoin de poésie. Votre texte en est l’illustration. Cela dit, l’écriture demande beaucoup de travail et de patience. Et peu à peu, on découvre sa voie et sa voix personnelles.
Bon courage."
Abdellatif Laâbi






dimanche 25 décembre 2011

Poème sur la Femme Marocaine (Projet).




Mon prochain poème portera sur la femme marocaine entre hier et aujourd'hui. Dans le cadre de mon projet de constitution d'un recueil de poèmes qui traitent des maux qui rongent le Maroc mais aussi toute la féérie qui s'en dégage.
Merci d'être si attentifs à tout ce que j'entreprends.



mardi 20 décembre 2011

Un Rêve Chimérique





Poème sur l'immigration clandestine au Maroc

                                                      Terre d'Eden nous hèle,
                                                 Terre d'ailleurs nous appelle,
 On dirait l'allégorie d’un espoir inviolable,
 Qui fertilise nos envies les plus inébranlables,


Depuis la crête de Tanger-La Trahison,
De la promesse d’un avenir rose nous rêvassons,
Couchés sur l’herbe humide du mois de Décembre,
Le froid glacial nous estropiait presque les membres,

Dans une chaloupe, nous nous y enfourchâmes,
Empestant la misère et la souillure des âmes,
Le moteur vrombissait, sonnant le tocsin de l’agonie,
Sous la pesée d’un ciel morne regorgeant de calomnies


La lune semblait dire non à un vice fétide,
Comme un oracle aurait dit non à un dessein si perfide,
Terre-Mère dis à ma mère que la mer au clair,
De la lune, les vagues enveniment et sont funéraires,

Je ne fis plus corps avec la foule et me laissa choir à une mer,
Qui quémandait de quoi se nourrir et quoi faire,
J’offris mon corps à la mer, comme une offrande pour un pêché,
Offense aux résistants de l’indépendance qui avaient juché,
Terre-mère sur les principes de la vertu,
Terre-mère quand elle le sut, se tut,

Progéniture fraiche avortée,
Dans une mer qui se nourrissait de calamités,
Plus tard, j’allais à la rencontre des âmes perdues comme la mienne dont la mer se vantait,
Ames placides et mièvres qui me hantaient,

Dans une mer profonde et sans retour, nous formâmes,
Un essaim d’âmes bourdonnantes et allâmes,
En s’agenouillant au chevet de nos corps,
Pleurer toutes les chaudes larmes par tous les pores,

Plus tard, dans un univers parallèle,
J’ai su que la foule  qui eut courage et zèle,
Et qui arriva à terre d’Eden sans ailes,
A été broyée par l’ogre dont l’estomac ne cessait guère,
De laisser choir l’excrément d’une ère,

Plus tard, nous, essaim d’âmes, voulûmes affronter l’ogre,
L’ogre gargantuesque qui broie et se goinfre,
Et qui n’est pas sans savoir de nos blessures,
Nous renvoya à une situation de non-retour,

Nous errions aveuglément jusqu’à rencontrer les âmes,
Des stoïques de l’indépendance de Terre-Mère dont nous craignions la genèse d’un blâme,
Scrutant notre essaim, ils ne voulurent guère,
Faire corps avec nous, et comme dans une guerre,
Volcaniques, ils fustigèrent, fulminèrent, et pestèrent,

Nous nous sentions isolés du monde, un monde obscur et caché
Vivons heureux vivons cachés,

Adieu Terre d’Eden
Adieu Terre-Mère
Adieu Mère


Par : Achraf Benjelloun



lundi 19 décembre 2011

Apitoiement


Mon cerveau, je n'y vois que pénombre,
Vestiges, embrumes, décombres... J'en dénombre !
Comme sous une lumière tamisée,
Ma vision n'est que martyrisée,

L'ombre d'un espoir, j'y aspire,
Désespoir, rancœur s'y inspirent,
O subconscient, manifeste toi, éclaire moi !
L'avocat du diable m'avait tenu en émoi,

Que diable était-ce l'âge des mûrs ?
Réponses et illuminations se turent,
Fomentai-je donc, une fougue ardente,
Morphée m'avait d'ores et déjà offert ses mains brûlantes,

M'étais-je donc dit: Pour quand le commencement ?
Supposai-je, les calendes grecques comme état d'avancement,
Se lover donc sur son sort et se morfondre joie et gaieté,
De quoi grignoter les pépites de l'insomnie à satiété

Amère nostalgie...


Ma grand-mère, Septuagénaire. Ses rides commençaient à lézarder ses pommettes encore plantureuses, son sourire édenté qui produisait en moi une certaine euphorie, mais surtout la barre chocolatée qu’elle me tendait à chaque visite. Moi, tout jeune, les traits de visage dénotant de fraicheur, je l’embrassai goulument, je me permets effrontément de longues étreintes pour la remercier. A 20 ans, durant les quelques fois où je me souvenais d’elle, mon cerveau me projette automatiquement ce genre d’image. Machinalement, il a omis de se souvenir de sa longue descente aux enfers.
En effet, l’éléphant échappa de sa mémoire. L’Alzheimer l’attrapa. La remodela. La diabolisa. Empourpra son être. Comme un faible petit voilier perdu dans l’océan, et largué par d’impitoyables vagues venimeuses. C’était le venin ! Elle devint même le venin incarné. Pour un enfant de 10 ans, il était inconcevable qu’on puisse diaboliser un être, puisque l’humain n’est pas le diable.
La maladie l’avait effritée, ses traits perdirent de leur générosité et devinrent osseux. Son regard perdu et profond devenait insignifiant. Ses attitudes oscillaient de la bizarrerie jusqu’à la fatalité. Malgré que nous commencions à l’avoir dans le collimateur, elle déclencha une série de va-et-vient dans la pénombre de la nuit. Elle venait, se précipitait à ma porte. Elle y tambourinait si fort, criarde et presque même vindicative. Elle réussit tant bien que mal à l’ouvrir. La silhouette flanchée, les jambes et les mains flageolantes, elle avança en titubant vers mon lit qui exhalait encore le sommeil paradoxal. Et là, elle s’assit, et commença à sermonner « Aimez-moi ! Choyez-moi ! J’ai besoin de vous, de votre amour ! ». Cette nuit là, j’ai su que le venin a asséché tout amour, toute tendresse dans laquelle elle baignait depuis qu’elle avait vu le jour. J’ai su par logique, qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Elle trépassa quant j’eus l’âge de 12 ans.
Vous vous demandez obstinément pourquoi j’ai attendu huit longues années avant de rédiger cet insignifiant récit, allez demandez plutôt combien il est dur de digérer cette disparition. Auquel cas, vous pourrez demander ensuite combien il est difficile de perdre le seul grand parent que vous avez pu connaitre.

Je t’aime.

Une Pensée à mes frères et cousins en l'écrivant.